lundi 31 octobre 2011

Tchiz Kate, une Tchik Fille !

Même si la préférence du chroniqueur ici présent va aux petits pochoirs monochromes (à chacun son combat urbain), celui-ci - le chroniqueur - n’en reste pas moins curieux de toutes les variations stencilées. Devoir impérieux de chroniculture sans bornes ni oeillères devant les lecteurs et amateurs qui lui font confiance éventuelle, voire délégation intellectuelle. Ainsi en va-t-il alors des collages et des coloriages … C’est avec beaucoup de - obligeamment - curiosité que le chroniqueur s’est arrêté naguère devant les pochoirs collés et coloriés de Tchiz Kate lors d’une expédition sur les pavés du quartier des Marolles. Ils étaient beaux, les paste-ups de Tchiz Kate. L’interview était inévitable.

Bonjour Tchiz Kate ! Peux-tu nous parler de ton parcours artistique ?


J'ai commencer à peindre il y dix ans, avec un groupe de potes en Alsace. On avait fondé le POB crew. On cherchait nos bombes dans les magasins de bricolage et on partait les week-ends le long des voies ferrées ou dans les anciennes mines de potasse désaffectées. C'était juste pour le fun, l’effervescence collective, un délire plein d'adrénaline ! Puis j'ai découvert plus largement le street art, notamment au coté de mon ami GodDog … Et là, je ne sais pas pourquoi, j'ai été plus particulièrement sensible aux pochoirs … Ceux de Miss.tic, Jef Aérosol, Bleck le Rat … J'ai voulu essayer moi aussi et du coup j'ai fait pas mal de tests à partir de portraits de potes en accentuant les contrastes. En arrivant à Lille il y a 7 ans , j'ai découvert des pochoirs de Jef Aérosol, Mimi le Clown et Dude Company ... J'ai mis un temps fou à comprendre la technique de superposition de couleurs, à oser me lancer dans la rue. Et puis un soir, Tchiz Kate est née ! J’avais montré une nouvelle série de pochoirs à une amie qui était restée très sceptique face à ce nouveau style rétro. Il a donc fallu ouvrir une bouteille de rouge, et quelques verres plus tard, elle était séduite. Depuis elle fait partie de celles qui m'accompagnent lors de mes virées picturales. J'ai adopté le nom de Tchiz Kate pour sa résonance kitch et l'allusion à la cuisine, mon unique atelier.


Pourquoi des pochoirs vintage et pourquoi des pochoirs vintage collés ?

Le côté rétro est sans doute influencé par les nombreuses images aperçues chez ma grand-mère qui faisait du théâtre à l’époque. Elle prend d’ailleurs toujours un réel plaisir à me montrer ses photos pleines d'histoires et riches de souvenirs ... J'aime également les vieilles cartes postales en noir et blanc sur lesquelles les lèvres et les vêtements ont été recolorés ... Du coup mon univers s'est orienté vintage tant par le traitement des couleurs utilisées que par la présence de motifs des années 60-70. Par ailleurs, j'attache une grande importance au sujet féminin, à l'esthétique d'une coupe de cheveux, à la poésie d'un regard mélancolique ... Parfois je fais le choix de coller des affiches pour le côté rapido-pratique de la technique et pour laisser opérer le temps par son charme éphémère ...


Que penses-tu de Bruxelles dans sa dimension d'art urbain / graffiti / pochoirs ?

Bien qu'habitant à côté, je ne connais que peu Bruxelles ... Il me reste donc plein de choses à y découvrir ! Mais je pense que c'est une ville pleine d'énergie qui abrite la trace du passage de nombreux artistes d'horizons divers. Lors de mes brèves virées à Bruxelles, j'ai pu croiser les affiches colorées d'Oli-B par exemple … J’ai également remarqué la présence récurrente d'un crayon dans différentes postures ... Comme une invitation peut-être à continuer à s'exprimer ... Pour ma part, j’espère revenir bientôt sur Bruxelles !

Et bien … Tu y seras toujours la bienvenue, c’est quand tu veux ! Merci aussi d’avoir relevé les œuvres d’Oli-B (interviewé sur ce blog en septembre 2010) et de l’Homme aux Crayons aka Mr. Jones (également interviewé sur ce blog en mars 2011). L’art urbain bruxellois est effectivement riche de multiples talents graphiques. Alors, à cette déjà belle kyrielle d’expositions murales, nous sommes très heureux de pouvoir accueillir les collages vintage d’une artiste de l’au-delà (de la frontière d'avec la France) ! A très bientôt pour ton retour à Bruxelles, capitale mondiale de l’Europe.

Interview et photographies : Copyright de Serge-Louis pour Brigadier Plipp.

lundi 17 octobre 2011

Nana is really Real !

Being (or pretending to be) a urban chronicler is rather easy. If you are into graffiti, for instance, you basically make observations, ask questions, take pictures and collect answers … You then wrap up the whole thing into a readable format and blogpost once in a while. Yep … Easy ! But this seemingly routine job is not without surprises … Sometimes you come across interviewees who display so much intensity and passion in their action (should we call it “mission” ?) that the only thing you can say or write is : Woaw ! This happened to me three weeks ago when I was in Seoul, South Korea. There I spent half a day hunting for graffiti stencils up and down the streets of the Hong-Ik University district. I also managed to get in touch with their most famous local graffiti stencil artist : Nana. Below are edited excerpts from our exciting discussions :

Hi, Nana ! Could you please tell us about street art in Seoul ?

Well, the graffiti scene in Seoul doesn’t have much maturity at the moment. It is still the beginning ! I would say that there are about fifty people doing street art in the whole country right now. Most of the street artists don’t have a proper knowledge of the process of bombing and artwork ... Most of them started with tags and throw-ups or stickers only four or five years ago. Some artists sometimes do their works just to make an issue or to become famous ... Plus, the connectivity is severely limited. Street art is still quite isolated from other cultures that also belong to the street. In particular, stencils are in their most primitive stage ... I can say there are no expert stencil artists in Korea ! And compared with tags, throw-ups and stickers, respect for stencils is hard to find ! For me, graffiti is not just about coolness … Some artists get arrested or loose their live doing their work !

What about your own stencil work ?

My first stencil was made according to a very simple design, just the letters “nanaisreal” ... After that, I started to do the character bombs and went into bigger size stencils, paste-up posters, stickers and so on. I do my artwork in many places in the city and in order to get them in the best spots, I do lots of crazy things such as climbing up bridges … I have no background in art but I have always desired to be a painter, even before I met the friend who taught me how to make stencils. I am always trying to input messages in my artwork. For instance, the message “don’t abandon us” was made for abandoned animals and the series “where is” was made to recognize the bear which is wandering around the city because of his ruined forest. Big size stencils representing hearts are made for the lives in the street. But, even though I have tried various works, the main symbol remains “nanaisreal” … This is about myself, I always want to speak my thoughts naturally through my artwork.

How do you see your own future and the future of street art in Seoul ?

I travel … Almost a year ago, I went to Osaka and Tokyo. In these places, I have made numbers of stencil posters. I really love the whole street movement but in my opinion, street artists should have a better knowledge of what they are doing … They have to develop better processes for bombing ! Like I said, the street art scene is not about fame or worthless issues. We have to serioulsy consider the importance and relevance of our scene in Seoul !

Well, Nana … Thank you very much for sharing these very emotional insights with us ! We hope you will continue stenciling in the streets of Seoul and other places … And perhaps one day in Brussels ! We are certainly looking forward to it … You are really real !

Copyright and interview : Serge-Louis for Brigadier Plipp. Thanks to Francis Van Maele (Redfox Press) for connecting me with Nana.