mardi 30 septembre 2008
Une fois ...
De retour d’Angleterre, où il a été prendre le thé avec son armée, et en route vers la Germanie, pour aller y descendre des chopes moussues, Jules César s’arrête pour quelques jours dans la paisible (mais humide et marécageuse) campagne des méandres de la Senne. Du tracé des chemins séparant les emplacements des tentes où se sont reposées les troupes romaines, notre quartier des Marolles conservera la trajectoire rectiligne des rues Haute et Blaes ainsi que le strict carré de la place du Jeu de Balle. De cette occupation, il reste peu de pochoirs d’époque … Mais la zone est riche en œuvres contemporaines, notamment autour du Recyclart. Pour un premier « post » de pochoir marollien, cependant, j’ai choisi cette petite étoile mal foutue et abandonnée, que j’ai photographiée rue aux Laines, aux abords immédiats du Palais de Justice, lors d’une de mes premières explorations à vélo. Une façon parmi d’autres de rendre hommage à la vaillance d’un quartier brave et fier - populaire et ouvrier - face à la tentative d’écrabouillement par le « majestueux symbole de la puissance de la Justice » conçu par l’infâme skieve architekt Joseph Poelart. Puisses-tu continuer à briller dans le cœur de notre communauté urbaine, oh Marolles !
lundi 29 septembre 2008
Lis-moi la main
Un jour, il y a 30.000 ans, un homme des cavernes un peu moins caverneux que ses camarades pose sa main sur la paroi d'une grotte, emplit sa bouche de pigments qu'il souffle sur celle-ci, la dégage ensuite et contemple son effet avec satisfaction ... Par cette opération imageante, il s'est arraché à la bestialité pour entrer dans l'humanité. Il a inventé le pochoir ! La technique se compliquera vite avec le temps : pochoir négatif puis positif, silhouette ou motif, paint-brush et paint-spray ... Mais le geste fondamental restera le même pendant trente millénaires. Ce n'est pas un hasard si les peintures rupestres - dont la main est souvent la dédicace - sont enfouies dans la pénombre des grottes ... La même obscurité que celle dans laquelle opèrent généralement les artistes de rue. La chambre noire du photographe. Le pochoiriste contemporain qui appliqua sa main rue d'Edimbourg attendit certainement la tombée de la nuit avant d'opérer. Application dans l'ombre, révélation dans la lumière, humanité cyclique. La peau de bison et la barbe hirsute sont toujours à la mode.
Tandis que roule l'automobiliste excédé et aveugle ...
Celui-là, il est tellement beau que j’ai bien failli tomber de mon vélo en le découvrant sur un muret de la Drève Saint-Hubert ! Puissance d’expression de l’Afrique … Le noir est noir, le blanc est blanc, le profil est masque. Il y a du poing levé dans cette image … Mais aussi de la répétition binaire et de la méthode dominée. Alors que l'automobiliste, par centaines, entre dans et sort de la ville par cette route, ce sont des visages différents qui le salue et l'accompagne. Pour moi, c’est tout simplement le pochoir bruxellois le plus fort du moment. Pas d’autre commentaire, dès lors, que celui du respect.
dimanche 28 septembre 2008
J'ai la banane !
Depuis 1986, l’artiste allemand Thomas Baumgärtel pochoirise sa célèbre banane aux quatre coins du monde … marquant ainsi plus de 4.000 façades de musées, de galeries et d’autres endroits qu’il estime être artistiquement intéressants. Pour beaucoup d’allemands au lendemain de la seconde guerre mondiale (surtout à l’Est) la banane était reconnue comme un symbole de liberté et d’indépendance. Baumgärtel (né en 1960) en fit le « logo non-officiel de la scène de l’art » tout aussi libre et indépendant. L’œuvre du banana sprayer, initiée très curieusement dans le quartier belge de Cologne il y a 22 ans, se retrouve maintenant à Paris, Londres, New York ou encore Moscou … et bien sûr à Bruxelles ! C’est sur la porte d’une maison située dans le bas de la ville que l’on peut voir un magnifique exemplaire de la banane. Stencilée en (vers) 1994, elle ornait à l’époque l’entrée d’une petite galerie privée, appelée APP.BXL et créée par Moritz Küng, un curateur d’origine suisse actuellement responsable du programme d'expositions du campus d’art deSingel à Anvers. C’est en reconnaissance de la qualité du travail artistique de Küng que Baumgärtel appliqua son « sceau » bananier … qui persiste encore aujourd’hui dans un état remarquable grâce à l’attention bienveillante du propriétaire et des locataires de la maison. Mais ce que les aléas du temps et du vent n’ont pas réussi à détruire, l’artiste pourrait bien le faire lui-même … Baumgärtel a en effet décidé depuis quelques années de revisiter le lieu de ses exploits et de « confisquer » certaines bananes et les faisant EXPLOSER ! Le suspense est à son comble … Bruxelles gardera-t-elle encore longtemps sa banane ?
samedi 13 septembre 2008
Où est le loup ?
L'histoire de Ladyhawke, vous connaissez ? Oui ? Non ? Bon, je résume. Un garçon et une fille s'aiment. Un méchant, jaloux, rend leur amour impossible en transformant la fille en faucon et le garçon en loup. Première astuce : la fille est faucon le jour, le garçon est loup la nuit. Ils se croisent donc brièvement deux fois par 24 heures sans pouvoir se toucher. Deuxième astuce, du moins dans une version cinématographique datant de 1984 : une éclipse (jour sans nuit, nuit sans jour) permet aux amoureux de se retrouver ensemble sous forme humaine et d'aller régler son compte au méchant. La malédiction s'arrête illico. Happy end. Le pochoir présenté ici, que l'on retrouve plusieurs fois aux abords de Recyclart rue des Brigittines et rue des Ursulines, me fait penser à une jeune personne hybride fille - faucon qui est peut-être Ladyhawke ... Si c'est le cas, alors le loup ne doit pas être loin ! Nulle trace de lui dans les environs, cependant. Hé, loup-loup, où es-tu ? Amis pochoiristes, amies lectrices, je vous en prie, aidons nos deux amants à se retrouver pour toujours sur les murs de Bruxelles.
London is watching
Une heure à rentabiliser, lundi passé, en attendant mon Eurostar. Je pars faire un petit tour autour des gares de King's Cross et St. Pancras, à la recherche de quelques stencils. Miséricorde ... Presque rien à mettre sous la dent de mon appareil photographique ! Le quartier est complètement sanitisé. La faute à qui ? Il m'est d'avis que les 10.500 caméras publiques et les 500.000 caméras privées qui équipent les rues, cours, parkings et corridors de Londres y sont pour quelque chose. Merci, Big Brother ... La bonne nouvelle est que, selon le groupe CameraWatch, la vaste majorité de ces caméras de surveillance sont - pour des questions essentiellement techniques - opérées de façon illégale ! Faudra-t-il dès lors installer des caméras pour surveiller les caméras ? En attendant la réponse à cette angoissante question, voici l'illustration d'un regard bien Georges-Orwellien trouvé sur une plaque signalétique de Killick Street. Et comme le mentionnait un pochoir vu sur un panneau mobile rue Goffart à Bruxelles pendant l'été : "Souriez, vous n'êtes pas encore filmés". A bon voyeur, salut.
lundi 8 septembre 2008
Schtroumpf, alors ...
Apparition d’un schtroumpf au pochoir dans le bois de la Cambre. Souriant, jovial, bonhomme, notre ami bleuté nous signale cependant une terrible tragédie par le message qu’il exhibe … « Liberté » ! Son entrain rigolard n’est qu’une feinte … Un peu comme la victime d’un home jacking qui, par-dessous un « non non, officier, je vous assure, tout va très bien », tente de signifier à la patrouille qu’elle a un flingue pointé dans la nuque. Mais liberté pour qui, pour quoi ? On sait que les limites du village schtroumpf sont finies et qu’aucun de ces aimables lutins ne l’a jamais quitté de façon définitive. Les schtroumpfs sont-ils retenus captifs, contre leur gré ? Sont-ils en réalité des prisonniers, condamnés à vie à faire le mime du bonheur dans leurs maisonnettes en champignon ? Cette question nous renvoie illico à un autre village bien connu, celui de Portmeirion, duquel John Drake, agent secret britannique et démissionnaire, tente de s’échapper à répétition. Dans le village gallois, c’est un gros ballon blanc, flottant, volant, roulant comme un ovule, qui se charge de ramener les fugitifs - morts ou vifs. Nulle évidence d’un ovule (proportionnellement) géant chez les schtroumpfs … Mais le village n’est-il pas muni d’un dispositif anti-fugue tout aussi blanc, féminin et implacable : la schtroumpfette ?
dimanche 7 septembre 2008
Et butinent les abeilles
Tout le monde aime les abeilles. Tout le monde sauf 230 millions d’individus allergiques au poison de leur dard. Mais, bon … Voir nos courageuses et laborieuses amies ailées manufacturer l’ingrédient bienfaisant des honey smacks et autres honey pops de notre petit-déjeuner ne manque jamais de nous inspirer une jubilation un peu confuse et enfantine. Nous, européens, nous en consommons 380.000 tonnes par an, de ce merveilleux cadeau apidé ! Et notre imaginaire roule et vagabonde … La frénésie des ruches renvoie à celle de nos aimés ministères dans lesquels, à longueur de longues et longues journées, butinent et vire-voltent des milliers de fonctionnaires zélés et disciplinés. Pour notre plus grand bien. Quoi de plus attendu, alors, que de trouver ce joli pochoir d’abeille dans l’entrée d’un des bâtiments du ministère des finances de l’avenue Louise. Entendez-les, bzz bzz, nos serviteurs de l'Etat, préparer leur onctueuse gelée fiscale ! Mais attention … Depuis quelques années, de terribles et mystérieux maux menacent les abeilles et dévastent les ruches de nos contrées. Gare à la contamination.
mardi 2 septembre 2008
Ouch !
Les pochoirs à connotation sexuelle sont relativement rares à Bruxelles. Voici une jolie illustration de ball-busting photographiée rue de l'Eclipse dans le quartier Saint-Géry. Selon cette pratique SM, l'homme se fait volontairement et violemment frappé dans les testicules par sa/son partenaire de jeu ... J'ai un ami qui s'était fait (involontairement mais violemment) explosé une couille lors d'une bagarre en discothèque et qui me confirme que l'expérience est très douloureuse. De plus, la perte d'un testicule peut être psychologiquement très traumatisante ! A ce propos, je ne voudrais pas manquer l'occasion de mentionner la firme américaine Neuticles qui commercialise des implants testiculaires destinés à restaurer la dignité (self-esteem) des chiens et chats castrés. Déjà 250.000 paires de fausses couilles en silicone ont été vendues par Neuticles aux Etats-Unis. Si on estime qu'un homme sur 10.000 est adepte du ball-busting, que 10 % des pratiquants y perdent une couille par an et que le prix d'un implant est d'environ 650 euros, nous arrivons à un chiffre d'affaire annuel d'environ 20 millions d'euros ... Pas mal ! Ceci dit, notre ami dans l'illustration n'est pas encore un cas extrême ... sa compagne ne porte pas de combat shoes à crampons.
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