Tian, que penses-tu de l’art urbain à Bruxelles ?
Bruxelles, c’est une ville que je ne connaissais pas très bien ... J’ai l’impression que c’est une ville qui a un potentiel énorme et qui commence seulement à en prendre vraiment conscience ! Les gens se réveillent ... Oui, il se passe des trucs ... Tu te promènes et là, au coin d’une rue, tu te prends un Roa , tu te prends un Bonom ... Des pièces massives ... Il y a de l’espace pour que cela se passe, il y a de la place pour faire de grandes choses ... Visiblement, il y a beaucoup d’artistes qui viennent se perfectionner à Bruxelles, beaucoup qui tombent amoureux de la ville et décident d’y rester. Ils apportent leur énergie, leur savoir-faire ... Bon, bien sûr, il y a aussi une forte composante autochtone, bruxelloise, mais du coup, ça se mélange, ça se rencontre, c’est ce qui fait toujours avancer les choses. Alors ça ouvre des champs, forcément ... Ca part un peu dans tous les sens et, oui bien sûr, dans cette euphorie-là, il y a aussi un tri à faire !
Quelle place prend la technique du pochoir dans ton travail ?
Ma technique de base, en fait, c’est la sérigraphie ... Mais lors d’un voyage à Londres en 2008, en assistant un peu par hasard à un festival d’art urbain, j’ai vraiment pris une claque quand j’ai vu le niveau graphique auquel on pouvait arriver avec le pochoir ! Jusque là, pour moi, le pochoir, c’était du basique ... Une couleur, deux couleurs, voilà, un mode d’expression très direct, très efficace mais qui ne s’adaptait pas forcément au niveau de sophistication que je voulais atteindre .. Mais, bon, je me suis aperçu que c’était vraiment une fausse idée, que le pochoir pouvait aller beaucoup plus loin dans le nombre de couleurs ... Surtout pour un travail de taille et qu’on a le temps de le faire, comme en atelier. Donc le pochoir est une technique qui s’est ajoutée à mon travail, en fait ... J’ai des pièces où certaines couleurs sont sérigraphiées et d’autres couleurs qui sont faites au pochoir, selon la difficulté des motifs, en fonction des résultats voulus ... Donc, je passe de la sérigraphie au pochoir assez facilement.
Une conclusion sur Bruxelles ?
Pour moi, un artiste sud-américain qui serait désireux de s’établir en Europe, il est plus aisé de venir à Bruxelles qu’à Berlin ou Barcelone ! Il y a plus d’espace ici, son travail aura plus de visibilité parce qu’il ne sera pas noyé dans la masse ... Parce que même s’il y a déjà pas mal d’artistes bruxellois, il y a plein d’opportunités à Bruxelles !
Ho ho ... Quel compliment, Tian, merci ... La capitale mondiale de l’Europe avant Berlin et Barcelone !? Bruxelles plus propice à l’épanouissement créatif des artistes urbains que Paris ou Londres !? Nous, on aime ça ... Et nos édiles aussi, très certainement ! Pour Tian, qui ajoute dans l’enjambée que « peut-être qu’un jour, il y aura un circuit touristique du street art dans Bruxelles », il ne fait pas de doute que l’abondance de chancres et de friches, de grands bâtiments délabrés, de palissades infinies, de fenêtres et portes condamnées ... Que cette abondance, donc, entretenue avec tant d’amour par nos autorités publiques et privées, crée l’espace d’expression idéal pour les artistes urbains ! On s’en réjouit. On ne s’en fout plus. On ne s’en coriace plus. On ne s’en blaZe plus.
Pour découvrir le travail de Tian : www.tian.fr ainsi que son exposition au Plastic.
Copyright : Affiche de Tian collée rue des Ursulines. Photographie et interview par Serge-Louis pour Brigadier PLIPP.