mercredi 25 août 2010

Stencilo, ergo sum !

ERGO est un jeune artiste de rue dont les simples mais superbes et efficaces pochoirs peuvent être appréciés ces jours-ci en différents endroits de Bruxelles. Grâce à www.streetfiles.org, nous avons pu entrer en contact avec ERGO - qui travaille pour une ONG - et lui poser quelques questions. Voici une version légèrement éditée de notre agréable conversation en angliche original :

Would you please introduce yourself ?

I am a 30-year old guy born in Bristol (UK) ... Which may or may not explain my love for street art and stencils ! I grew up everywhere though : Japan, Venezuela, Scotland, Ireland, most of East Africa ... I moved to Brussels in January 2010. The influence of all the travelling and all the exposure is pretty evident in my work. I am self-taught and have absolutely no art or design background. I sign ERGO, latin for « therefore », as a way to emphasise that behind every face I paint, behind every stencil I cut, there is a thought process, a rationale that culminates in the work. My stencils are only the end product of a much longer - but much more private - process.

When and why did you decide to express yourself through street art and more specifically through stencils ?

In late 2008 I found myself at a crossroad, both personally and in terms of the environment I was in. I was living in Venezuela at the time and the political and social unrest that has characterised life there in the last decade got to me. I needed to say something. I needed some sort of controlled explosion ... And street art was it ! I chose stencils initially to counterbalance my lack of artistic dexterity. Nowadays, I wouldn’t trade stencilling for anything ... It has become a huge part of who I am, as a person and as an artist. I couldn’t think of working without them !

What are the topics that you seek to develop in your stencils ?

I work almost exclusively with portraits. People often look for a social trend in my work and, sure, I tend to pick profiles that don’t quite match the standard or commercial definition of beauty ... But I don’t think I am out to push a political or social message as such. Which is not to say that my work doesn’t seek to play a social role because I guess all street art does. The idea is that people will look at those giant faces staring at them and they will feel something. I am not particularly concerned with what they feel, as long as they feel something ! But to be honest, I paint for me ... For what it makes me feel.

Bien qu’il se débatte encore un peu avec les us, coutumes et habitudes un peu bizarres de la capitale mondiale de l’Europe, ERGO nous dit aussi qu’il se sent déjà comme à la maison à Bruxelles ... Sa volonté de « laisser sa marque » dans notre ville ne l’empêche cependant pas de travailler en parallèle à d’autres projets à Barcelone, Lisbone et Londres. Son site est à www.elergo.com.

Copyright : Pochoirs du double portrait « Manage » et de la signature par ERGO (repéré au dos d’une armoire de collecte OXFAM). Interview et photographies par Serge-Louis pour Brigadier Plipp.

mercredi 18 août 2010

Ce Dude est un Pro !

L’artiste bien aimé The Dude Company a récemment annoncé sa décision de passer en ligue professionnelle et de vivre dorénavant de son talent pochoiriste ... Nous lui avons demandé de commenter cette tournure, plutôt burnée par les temps qui courent ...

Dude, qu’est-ce qui a motivé ta radicale décision ?

Deux éléments déclencheurs, à vrai dire, New York et Lille. Parlons de New York d’abord ... J’ai réalisé mes premiers pochoirs là-bas en septembre 2008. Ceux-ci ont été repérés par Jaime Rojo et Steven P. Harrington du Brooklyn Street Art qui m’ont invité à participer à l’exposition « Street Crush Show » en février 2009. Luna Park et Becki Fuller du Street Spot m’ont ensuite invité à l’exposition « The Great Outdoors » en mai 2009 et puis Billi Kid m’a invité à l’exposition « Mom & Popism » en août 2009 ... Ces déplacements en boule-de-neige, entièrement à ma charge, m’ont donné confiance en moi et en mon travail, ainsi qu’un solide réseau d’amis et ... Un premier contrat avec Public Works pour un visuel de T-shirts destinés à une boutique-galerie de Manhattan ! Lille maintenant, ma ville d'attache ... Je dois à mon ami Mimi The Clown de m’avoir poussé à participer à une braderie de la ville en septembre 2009 puis à une autre braderie dans une autre ville française en décembre 2009. Dans les deux cas, ce fut une totale réussite au niveau des contacts et des ventes. Double déclic !

Est-ce que ton entourage t’a soutenu dans ta décision ?

J’ai passé 13 ans dans l’industrie mécanique et c’est clair que la petite entreprise familiale qui m’employait appréciait mes compétences et n’était pas très contente de ma décision de partir ... Mais, finalement, ils ont compris mon choix. La plupart de mes proches me soutiennent, même si certains se demandent si je ne prends pas un trop grand risque ... Mais c’est justement ce risque qui va m’obliger à progresser dans mon travail de pochoiriste ! J’ai envie de changer d’activité et donc de mode de vie ... Je vais maintenant me consacrer à temps plein à ce qui a commencé il y a deux ans comme un « délire » !

Artistiquement parlant, ton style et ta thématique vont-ils changer ?

Mon envie de réaliser des pochoirs est venue du film « Dave Chapelle’s Block Party » de Michel Gondry ... Ce film raconte l’histoire d’un concert à Brooklyn et fait figurer de nombreux artistes que j’adore, comme Mos Def, Talib Kweli et Erykah Badu ... Des artistes plutôt engagés et défenseurs de la cause « noire ». C’est mon amour pour leur musique et mon propre passé au sein de la communauté noire de Lille qui sont le point de départ de ma création artistique. Mais je ne compte pas m’arrêter à cela ! Je fonctionne au coup de coeur et aussi au gré de propositions de collaboration comme c’était le cas récemment avec l’artiste Cake. Maintenant que je suis plus disponible, je vais pouvoir développer mes thèmes et ma technique. Et même si je suis ouvert aux demandes de galeries, je vais continuer mon travail dans la rue car c’est pour moi le meilleur moyen de rester en contact avec la réalité et la vie de tous les jours. Mon but est toujours de faire plaisir aux yeux et au coeur des autres et de me faire plaisir en créant !

Merci, cher Dude, pour ces explications ! Nous te souhaitons bonne chance dans tes nouvelles et trépidantes aventures pochoiresques et nous espérons te retrouver très bientôt sur notre blog ...

Copyright : Auto-portrait au pochoir par The Dude Company, interview par Serge-Louis / Brigadier Plipp.