Qu’est-ce qui t’attire vers le pochoir multi-couches et de grande taille ?
J’aime bien la complexité technique qu’implique un multi-couches. C’est un peu un défi ... J’aime bien que ça soit un peu plus élaboré techniquement mais sans que l’on voit mes pochoirs uniquement pour leur technicité. Ceci dit, ce format me permet avant tout de pouvoir utiliser des couleurs. Un mono-couche rend souvent mieux en noir qu’en couleur et le multi-couches me semble être la meilleure solution pour un rendu coloré. J’adore les pochoirs noirs parce que je trouve qu’ils sont percutants mais j’aime aussi utiliser les gris et les couleurs ! Quant au format, grand ou petit, je trouve que la difficulté reste finalement la même ... Il faut s’arranger pour que les couches se coordonnent bien entre elles. Je suis habituée à travailler avec des repères et je n'utilise qu'une seule image de base pour découper - celle-ci étant consolidée par une ou deux couches de ruban adhésif - pour éviter les écarts lors de l'assemblage des feuilles.
Pourquoi ton intérêt pour Bettie Page, à laquelle tu ressembles d'ailleurs de plus en plus ?
Merci pour le compliment ! C’est vrai que les représentations de Bettie Page m’attirent particulièrement. Le noir et blanc des photographies originales, la simplicité des représentations, l’image qu’elle renvoie ... Quand on voit une image d’elle, on ne pense pas qu’à la jolie fille ... On pense aussi à ce qu’il y a derrière ! Par contre, je ne connais pas grand-chose de sa vraie personnalité. C’est donc principalement un coup de foudre visuel. J’ai fait beaucoup de tests de pochoirs représentant Bettie Page mais peu d’entre eux sont concluants. J’ai trois ou quatre pochoirs de Bettie Page dont je suis contente mais je pense qu’il y en aura pas tellement plus dans l’avenir. En fait, dans l’ensemble de mon travail, j’ai plus de facilité à découper des animaux que des personnes !
Ton évolution pochoiriste est-elle plutôt en rue, en atelier ou en galerie ?
Je pense pouvoir dire qu’actuellement, j’ai pratiquement abandonné l’activité en rue ! Je ne fais des pochoirs quasiment plus que pour mon propre plaisir ou pour celui de mes proches. C’est toujours un plaisir pour moi de faire ça, des pochoirs pour des gens qui me le demande. Par contre, le travail en galerie, non ... Tant que je vis autrement, je n’en ai aucun besoin. En fait, moralement, je préfère ne rien gagner avec mes pochoirs ... Et si j’étais un jour tentée d’y gagner quelque chose, j’essaierais plutôt de faire des échanges, d’échanger une toile contre une autre ... Oui, le troc, c’est une possibilité que j’aimerais vraiment approfondir. L’aspect galerie m’intéresse juste dans l’exposition de l’oeuvre. L’aspect financier, je trouve ça un peu malsain mais je comprends que d’autres pochoiristes profitent de l’opportunité.
Merci VGT pour ces franches réponses ! Et pour ceux et celles qui n’étaient pas vivant(e)s au siècle dernier, nous rappellerons que Bettie Page (1923 – 2008) a été la plus cultissime pin-up de la scène underground américaine tendance fétichiste et sado-masochiste dans les années cinquantes ... Surnommée Dark Angel ou Pin-up Queen et inspiratrice de nombreux caractères bande-dessinéens et cinématographiques jusqu’à nos jours récents, elle déclarait dans une interview accordée en 1998 « ne pas vouloir être photographiée vieille et préférer rester dans les mémoires comme elle avait été ». Grâce aux pochoirs de VGT, c’est une Bettie Page pour toujours figée dans sa troublante splendeur et dans « ce qu’il y a derrière » qui orne ainsi nos murs parfois publics parfois privés. Il fallait bien une jeune femme modèle pour immortaliser une jeune femme modèle ... Et c’est à Bruxelles que cela se passe. Heureux et comblés nous !
Copyright : Interview et photographie de VGT (sprayant un de ses pochoirs multi-couches de Bettie Page) par Serge-Louis pour Brigadier PLIPP.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire