vendredi 8 avril 2011

Gauff', café et pochoirs

De temps à autre, un illuminé nous déclare qu’il y a une vie ailleurs, dans l’extra-terrestre. De temps en temps itou, un allumé nous décrète qu’il y a des pochoirs ailleurs, dans l’extra-bruxellois. La première affirmation est à l’heure actuelle encore un petit peu floue ... Mais la seconde est déjà plus nette. Ainsi à Liège, ville effectivement non bruxelloise, se pochent des pochoirs sur les murs, les poteaux, les boîtiers et les blocs. Et si pochoirs, alors pochoiristes. Nous avons demandé à l’un d’entre ces pochoiristes liégeois, de nous parler. Ce qu’il fit par écrit. On est parti pour trois questions avec Kostar Kastor :






Plutôt travail de rue, d’atelier ou d’expo ?


Quand on aime un truc, je pense qu’il est normal d’explorer toutes les possibilités et surtout de ne rien laisser de côté. Je ne veux surtout pas me fixer de limite ! Le pochoir me permet de reproduire mes travaux sur presque tous les supports, tous ceux qui me font envie ... Que ce soit des toiles, du carton, du papier ou des coffrets électriques. Je n’ai pas envie de me priver d’un des plaisirs que mes pochoirs peuvent m’apporter. D’une part, peindre en rue, ça procure beaucoup de sensations ... Ca va très vite et le retour du public est direct, parfois agressif ! Ca me fait voir la ville différemment, comme un terrain de jeux ! En studio, on a plus de temps pour les détails. Je peux aller plus loin dans le nombre de couches ... J’ai tout le confort dont j’ai besoin, de la musique et du café bien chaud. Pour ce qui est des expos, c’est la préparation qui me plait ... Passer des mois à réfléchir et à découper des séries de projets. Essayer des couleurs, tester des pochoirs, observer l’ensemble quand tout est accroché ... Ce qui se passe après a beaucoup moins d’intérêt ! Dans toutes les formes d’art ou d’expression, c’est l’acte qui compte ... L’oeuvre finie n’est que la représentation du travail accompli, une sorte de témoin.


Envie d’aller pocher ailleurs ?


C’est une invitation (rires) ? C’est effectivement une chose à laquelle je pense beaucoup pour le moment. Avant, je ne prenais pas l’aspect « street » aussi sérieusement que maintenant. Je peignais près de chez moi et je me suis donc longtemps satisfait de Liège … Mais là, je commence à tourner en rond ! D’autant plus que la scène street art liégeoise a vraiment beaucoup de mal à émerger. A part quelques stickers et beaucoup de tags, on ne voit vraiment pas grand chose dans les rues. Donc je commence à planifier des sorties dans notre belle capitale (ndlr : Bruxelles, on suppose) et même quelques voyages hors de Belgique. Je n’attendais plus que le soleil ! Et puis, j’ai aussi envie de voir d’autres artistes bosser … J’espère donc qu’il y aura beaucoup d’évènements collectifs dans les alentours !


Démarche de rue mais site web commercial ?


Je ne suis pas un rebelle (rires) ! J’essaie juste de bien faire les choses, ce qui peut aider quand on veut être pris au sérieux, surtout de nos jours. A quoi bon avoir un message si on ne tente pas de le diffuser d’une manière ou d’une autre ? Mais en ce qui concerne mon shop en ligne, on ne peut pas vraiment parler d’une activité commerciale … C’est plus un moyen de rendre mon travail accessible au plus grand nombre et, si possible, à des prix abordables. Ce que je vends grâce au site ne me permet pas de rembourser tout ce que les fournitures me coûtent ! Je ne peins pas pour vivre, heureusement, mais ça fait toujours plaisir de faire une petite vente de temps en temps … Voilà, c’est dit ! Maintenant, je vais passer pour quelqu’un de vénal ! Bravo (rires) …


Vénal ? Oui ou non, peut-être, et pourquoi pas d’ailleurs … Les gaufres de Liège et le café liégeois se vendent bien, non ? Alors pourquoi pas les pochoirs de Kostar Kastor … Sa petite activité buzinezzzz (mais pas que) se trouve à www.kostarkastor.com d'ailleurs ... Pour ceux et celles qui désirent y faire un tour. Quant aux illustrations ici représentées, il s’agit de pochoirs peints par Kostar Kastor récemment aux alentours du C.H.U. de Liège au sommet du Sart-Tilman. Versions différentes d’un visage mélancolique pour nous rappeler sans doute qu’à Liège plus qu’ailleurs la cyclicité industrielle peut faucher la superbe d’une ville avec le cinglant d’un poignard … Pour nous rappeler qu’aucun art de rue ne peut ignorer ni fuir l’imprégnation radicale de son environnement urbain. Mais comme tout bon patient sortant de son hospitalisation, la ville et ses artistes savent que l'avenir sera, demain ou dans le futur, plus beau et chaleureux !


Copyright : Interview et photographies par Serge-Louis pour Brigadier Plipp.


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