Entre deux tranches de bons vœux et de faux gras, les médias nous ont bassiné les yeux et les oreilles avec le bilan de première année du Plan de Lutte contre les Incivilités en matière de Propreté publique (PLIP) à Bruxelles. En un an, 71 procès-verbaux portant sur environ 525 actes de salissures graphiques ont ainsi été dressés et, grâce à un nouvel article du Code Pénal complétant une nouvelle loi communale (bigre, quelle frénésie d’innovation), communiqués au Parquet. Déjà 17 mises à disposition du Parquet ont été prononcées depuis fin 2007. Alors, le pochoiriste surpris en train de pocher un pochoiriste en train de pocher (comme celui-ci, trouvé rue Van Artevelde) ? Crack dedans, mon jeune ami, en tôle ! Parce que, oui, Mesdames et Messieurs, les graffitis sont un réel fléau ! Oui, ce sont les graffitis, et leurs auteurs, qui alimentent le sentiment d’insécurité accablant nos braves concitoyens bruxellois ! Humour, humour … Parce que dans une ville qui a été à ce point mutilée, massacrée, martyrisée par les promoteurs et spéculateurs immobiliers depuis tant d’années - avec la complicité bienveillante de nos dévouées autorités élues - il est complètement hallucinatoire de condamner à l’amende et à l’emprisonnement les artistes qui dénoncent le scandale premier de Bruxelles … Avant le graffiti est la bruxellisation / verbrusseling … Honteux terme utilisé par les urbanistes et architectes du monde entier pour désigner le saccage d’une superbe ville ancienne par une bande de fous immobiliers, privés et publics. C’est parce qu’il y a bruxellisation / verbrusseling qu’il y a graffiti. D’ailleurs, regardez autour de vous, la plupart des graffitis ne sont-ils pas apposés sur des façades d’immeubles abandonnés à la pourriture spéculative (portes et fenêtres aveuglées par des blocs de béton, palissades et panneaux cloués en quinconce) ou sur des façades d’immeubles récents dont l’esthétique hygiéniste est aussi laide que nulle ? Alors qui est l’incivique ? Qui est le véritable responsable de l’insécurité urbaine ? Sont-ce vraiment un tag ici, un graff là et un pochoir un peu plus loin qui nous fichent la trouille de devoir marcher au travers du quartier européen ou le long de la jonction nord-midi ? Pompeuses et pompantes balivernes … Arrêtons de confondre (sciemment) cause et conséquence, voulez-vous.
Et puisque nous apprenons qu’en 2009, les brigades policières du PLIP bénéficieront d’une formation « Propreté », pourrions-nous, en ce premier jour de l’an neuf, également leur suggérer de prendre quelques cours de pochoir ? A voir en effet comment la police poche son propre nom sur ses panneaux de signalisation mobiles (comme dans l’exemple ci-contre pris à Saint-Gilles), il est clairement temps de sensibiliser la maréchaussée à la beauté et à la difficulté de l’art qu’elle est en charge de réprimer.
jeudi 1 janvier 2009
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