Avec l’automne, les pochoiristes retrouvent progressivement la perspective de belles nuits sombres et longues, celles qui sont propices aux plus productives virées street-artistiques. Bonne nouvelle mais aussi mauvaise nouvelle : ça caille. En route vers l’hiver, déjà, les supports se refroidissent, l’air se glace et les nébuleuses de spray décident de se figer, suspendues quelque part entre bombe et gabarit ... Les visages se crispent sous les bonnets, les doigts se crampent dans leurs mitaines. La peinture bave, rate, boulette ou coule. Patatra. Le coup - dur et direct - peut arriver à chacun ... Mais il faut sans doute l’aplomb de l’expérience et la témérité de l’engagement pour sur-le-champ retomber sur ses, hum, caps. VGT, célèbre pochoiriste de Bruxelles, accepte en exclusivité pour ce blog de nous parler d’un bien fâcheux incident survenu lors d’un pochage « Cramps » dans la rue de la Gouttière. Nous dit l’artiste : « Il faisait très froid cette nuit-là et j’utilisais une bombe fluo. Je voulais faire un fluo comme ça, pour voir ce que ça donnait ... Parce que le fluo, ça va bien avec le groupe. Mais la peinture a lamentablement coulé ! le fluo ne s’est pas solidifié à cause du froid. Alors, j’ai rapidement repassé au noir, vite parce qu’il y avait des regards suspects. Je ne pouvais pas laisser un pochoir aussi raté là ! C’était une mesure d’urgence. Puis j’ai remis de l’orange dessus parce que c’était la seule couleur que j’avais. En même temps, j’ai pensé que l’orange et le noir ça pouvait être assez bien pour l’ambiance du pochoir ». Beau rétablissement, bravo ! Seule une inspection très méticuleuse du site permet de suspecter qu’une catastrophe picturale a bien failli survenir ici ... L’indice est dans le coin supérieur droit où un peu de fluo du premier bombage a échappé au noircissement hâtif.
Le danger d’une bavure est toujours présent, surtout dans les conditions extrêmes et nocturnes dans lesquelles opèrent généralement les pochoiristes. Même si une partie significative du travail, le dessin et le découpage du gabarit, est préparée avant de prendre la rue, tant de choses peuvent encore se passer entre bombe et mur ... VGT ajoute d’ailleurs : « Parfois j’ai peur que ça coule, mais ça ne m’est arrivé que deux fois ». Au moment d’enfiler leurs épais anoraks, les pochoiristes savent que l’épreuve les guette à chaque instant, à chaque mouvement. Et pourtant, nuit après nuit, génération après génération, ils s’enfuient avec bombes et gabarits dans la pénombre brumeuse pour donner vie à nos murs austères ... et froids.
dimanche 18 octobre 2009
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