Ton travail professionnel te permet déjà d’exprimer et de diffuser ta créativité. Pourquoi y ajouter une activité illégale de collage en rue ?
La ville et ses rues ont toujours constitué un terrain de jeu pour moi. Le fait d’avoir un travail professionnel créatif ne m’enlève pas l’envie d’explorer la ville et d’y diffuser mon art. J’ai un réel besoin d‘investir des lieux publics ... J’ai toujours aimé le faire et le collage est aujourd’hui la solution que je préfère pour rendre mes peintures vivantes et visibles aux yeux de tous. Je me sens très bien dans les grandes villes et j’aime l’activité, la foule ... Cela me permet d’exister !
Tu n’as pas un peu la pépette quand tu pars comme ça en tournée collage ?
Le street art comporte toujours un degré de risque vis-à-vis de la loi ... Mais mon optique est – en toute modestie – de diffuser mon travail tout en revalorisant certains espaces urbains. L’idée, c’est de coller mes affiches sur des surfaces « mortes », c’est-à-dire des maisons abandonnées, des palissades en bois et autres supports qui ne « méritent » normalement pas que le regard des gens s’y arrête ! De cette manière, je ne considère pas mon travail comme du vandalisme ou de la dégradation ... Je reçois d’ailleurs un accueil chaleureux des gens qui m’observent lorsque je colle mes affiches. Cela me permet de partir en virée l’esprit plus tranquille. Je préfère d’ailleurs investir les rues en journée car cela renvoit moins à une activité illégale dans l’esprit des gens ... Et des autorités !
Ton travail est très coloré et attirant ... Que penses-tu apporter ainsi à la ville et à ses occupants ?
Mes peintures reflètent mes humeurs, des émotions passées ou à venir. Mais même si je sais ce que j’y jette personnellement, j’aime aussi brouiller les pistes et donc ne livrer aucun message politique ou social précis à celui qui regarde mes collages. Mes peintures sont avant tout une échappatoire qui me permet de m’évader. J’aime stimuler l’imagination du spectateur ... Mes personnages deviennent alors un peu abstraits. Les affiches deviennent vivantes dans la ville. Elles n’apportent finalement rien d’autre que ce que le regard y trouve. J’utilise d’ailleurs beaucoup les couleurs parce que je souhaite que leur « rendu » soit immédiatement accessible, c’est-à-dire ni violent ni glauque.
Bon, bon ... Fort bien tout ça. Nous, on ne va pas se plaindre qu'un artiste talentueux et bien intentionné vienne ainsi disperser ses créatures colorées sur les murs "honteux" de Bruxelles. Il en faudrait peut-être bien plus, des gens comme Oli-B, pour réparer les déjà nombreux et encore croissants dégâts visuels portés par d'autres à notre ville en toute ... légalité !
Copyright : Interview et photographie par Serge-Louis pour Brigadier Plipp. Collage d’Oli-B sur la porte d’un immeuble abandonné de la rue Keyenveld.
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