mardi 16 décembre 2008

Monsieur Surpris (Mijnheer Verrast)

Comme vous le savez, les relations entre Bruxelles (majoritairement peuplée de francophones) et certaines de ses communes périphériques (majoritairement peuplées de francophones mais en territoire flamand) sont un peu tendues … Pour quelques politiciens hasardeux, la solution serait d’annexer ces communes flamandes dans un « grand » Bruxelles. Tout simplement. Nous, cela nous arrangerait plutôt bien … Car nous pourrions ainsi vous parler de ce pochoir, ici à droite, sans déroger à notre décision de nous restreindre aux pochoirs et pochoiristes de Bruxelles. Le pochoir dont il est question a en effet été trouvé sur le panneau publicitaire d’une station-service située au coin de la chaussée de Waterloo (Waterloosesteenweg) et de l’avenue Astrid (Astridlaan) à Rhode-Saint-Genèse (Sint-Genesius-Rode), donc hors des limites actuelles de notre belle Capitale. Ce portrait de l’homme surpris est un excellent symbole de l’étonnement, de l’émerveillement, du ravissement, de l’ébahissement perpétuel(s) qui habite(nt) le déambulateur urbain dès lors que celui-ci a « intégré » les pochoirs dans son champs visuel. Si l’objectif premier de l’art est en effet de modifier le comportement des gens, le pochoir remplit pleinement ce rôle … La surprise nous guette à chaque coin de rue, et donc – anticipativement – nous sommes en permanence aux aguets ! Combien de poteaux pris dans la tronche lorsqu’on marche à pied, combien de portières de bagnoles prises dans le guidon lorsqu’on roule à vélo … et que l’on cherche le « prochain » pochoir, celui qui sera forcément plus surprenant que les précédents ? L’expression faciale de notre ami n’est pas le résultat d’un « que fais-je ici ? » ou d’un « que faites-vous là ? » … Il est le miroir de notre propre interpellation socio-poétique lorsque nous découvrons un pochoir sur un mur, une palissade ou un boîtier technique. Le pochoir est fragile et éphémère mais l’émotion qu’il déclenche est riche et éternelle dans le cœur de celui qui le recherche et le trouve. Au gré de nos pérénigrations, laissons-nous donc surprendre.

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