En théorie, la technique du pochoir permet de reproduire à l’identique et à l’infini un motif, une image ou un texte. En pratique, il en va tout autrement … La nature et la texture du support, les inclinaisons accidentelles ou voulues, les bavures et coulées dues à l’urgence ainsi que l’usure du temps et du vent font que chaque « même » pochoir est différent. La question est de savoir si l’aléatoire et la variation s’additionnent - ou au contraire s’opposent - à la volonté de l’artiste de reproduire son message et son passage ?
A cette question en fait aussitôt écho une autre : tous les pochoiristes utilisent-ils cette technique pour se multiplier vite-et-bien dans l’environnement urbain (comme les taggeurs qui désirent laisser leur empreinte visible dans le plus grand nombre d‘endroits possibles) ou est-ce que certains d’entre eux utilisent ce medium simplement parce qu’il leur plait ou convient mieux (parce qu’il permet de préparer l’œuvre à la maison, notamment) ? Dans tous les cas, les variations pochoiresques ne peuvent être négligées dans la contemplation et l’interprétation d’une oeuvre.
Comme exemple, nous prendrons Félix le Chat, dont on trouve aujourd’hui de multiples reproductions aux alentours du centre hospitalier Saint-Pierre (boulevard de Waterloo pour des versions sur brique en béton et sur volet métallique et rue de la Rasière pour des versions sur revêtement en ciment et sur brique jaune). Ce n’est pas un choix livré au hasard … Conçu par Pat Sullivan en 1919 et ensuite développé par Otto Messmer, notre ami félin fut en effet la première image à être diffusée par la télévision - par la station W2XBC pour être précis - en 1929 !
Sous la forme d’une figurine en papier-maché disposée sur le plateau d’un tourne-disque, Felix servait alors de référence aux techniciens de RCA pour le calibrage et le contrôle de la qualité de l’image retransmise. Ce rôle, crucial s’il en est, fut assuré par notre brave Félix pendant une dizaine d’années ! Presque 80 ans plus tard, en ce merveilleux et ensoleillé dimanche d'octobre, il nous sert maintenant de standard pour démontrer la fluctuation imageante des pochoirs d'un emplacement à l'autre. A l'auteur de ce Félix le Chat sifflotant et déambulant de nous dire si ces variations sont voulues ou non, importantes ou non, ou s'il s'en tape complètement.
dimanche 12 octobre 2008
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