Il y a quelques semaines, The Dude Company nous faisait l’honneur d’une nouvelle visite à Bruxelles. Parmi les pochoirs réalisés par le collectif figurait cet impressionnant soubassophoniste (Damon Bryson ?) du groupe The Legendary Roots Crew (aka The Roots), tout en force et en souffle. Le pochoir a été appliqué sur un grand panneau en tôle rouillée au coin de la rue des Chartreux et de la rue du Boulet. Si vous l’avez raté, c’est râpé … Quelqu’un de plutôt costaud et gonflé a démonté le panneau (pourtant riveté balaise à un support grillagé) il y a quelques jours et l’a emporté. Nous avons demandé au boss de la Dude Company ce qu’il pensait de ce rapt : " L'art de rue doit rester dans la rue. En même temps, on ne peut empêcher ce genre de démarche qui, il faut le dire, est plutôt culottée ! Je trouve cette réaction décevante et serais plus heureux d'être contacté pour réaliser une oeuvre chez quelqu'un plutôt qu'on déshabille la ville. J'espère aussi que cela ne sera pas vendu à mon insu, ce qui serait encore plus navrant "
Evidence : plus les pochoirtistes deviennent reconnus et estimés pour leur œuvre publique, plus celle-ci prend de la valeur (mercantile) et est donc convoitée par des collectionneurs privés. Que certains de ces pochoirs se distinguent par leur beauté et/ou leur technicité exceptionnelle n’ajoute rien de bon à notre affaire. Fondamentalement, la question est donc de savoir si l’art de la rue, donné librement, peut être pris tout aussi librement ? L’appartenance d’un pochoir au pluriel (nous tous, préférable à personne) d’un pochoir peut-elle être accaparée au profit d’un singulier (lui seul) ? Les avis restent partagés (au lu des forums) mais une certaine morale - nourrie du respect de la générosité et du talent - devrait normalement prévaloir contre l’envie de recel … Et que le pochoir volé, celui du musicien de The Roots ou un autre, soit ensuite vendu ou non n’est que l’ajout malheureusement habituel de l’injure à l’insulte … Une fois la morale sociale bafouée, tout est permis. Ironiquement, le texte jaillissant du sousaphone (Resist Much, Obey Little) était peut-être une invitation à l’acte illégal au carré … A la rébellion du je-ne-peux-pas-pocher s’en est ensuite ensuit (hum) - en toute logique tordue - la rébellion du je-ne-peux-pas-piquer. Seule solution, alors, pour en finir avec ce vandalisme du vandalisme : que The Dude Company et ses collègues pocheurs arrêtent d’avoir tant de talent et que les supports urbains immobiles cessent d’être mobiles. Et tout rentrera enfin dans l’ordre. Merci d'avance.
mercredi 1 avril 2009
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