Bon, OK, il n’est pas vraiment illégal, celui-là. Mais il me fait bien marrer chaque fois que je roule dessus ! Pochés à la résine sur le macadam de l’avenue Franklin Roosevelt, le gamin en culottes courtes et sa soeurette à couettes nous signalent le danger d’un passage d’enfants … Pile devant l’entrée principale du campus de l’université libre de Bruxelles. Les traversants post-adolescents apprécieront à sa juste valeur, en fonction de leurs pustules acnéeuses et de leurs budgets vestimentaires, le décalage imposé du panneau A23 ! Tant d’effort pour être rabaissé au statut de môme réglementaire par l’implacable et réductrice codification du code (!) de la route … c’est dur, certes, mais voilà, c’est pour leur bien. La priorité ici est d’inciter les automobilistes à redoubler de prudence face au danger de voir un(e) bizuté(e) ou un bituré(e) surgir de dieu-sait-zou et venir s’aplatir sur leur capot. A bonne raison, d’ailleurs … puisqu’en 2006, un solide 750 piétons se sont faits écrabouillés (dont 11 décédés) en région bruxelloise, la majorité d‘entre eux étant des d’jeunz (33% des graves et des morts avaient moins de 25 ans). Mais pour les zélés chroniqueurs sociétologiques que nous sommes, plus fâcheux encore est la réalisation supplémentaire - second décalage - que le cadre fermé du triangle a pour effet de restreindre sévèrement la latitude de mouvement (l’aisance de gesticulation) de nos (grands) enfants, vivants ou morts. Université libre peut-être mais liberté de se déplacer … un peu nettement moins (dans les lignes, dans les clous). En ceci, la signalétique routière est bien le reflet, le témoin, le rappel de la carceralité urbaine. Tu bouges quand, comment et où on te le dit.
Nous en viendrions presque à jalouser la liberté des cervidés qui, comme dans cette oeuvre du célèbre pochoiriste Spencer (ici auto-photographié par l’artiste à Barcelone) peuvent jumper hors de leur panneau (c’est un matricule A27 pour le gros gibier) pour aller gambader et brouter là où ils veulent. Une liberté qui a peut-être un prix, d’ailleurs … Ainsi, si les étudiants manquent parfois de plomb dans la cervelle (en saison de guindaille), les biches, les cerfs et leurs amis les sangliers, eux, en ont tout aussi parfois trop dans le cul (en saison de chasse). Mais la question est et reste : qui sortira nos bambins (bambins, pas bambis) de leur triangle plat, polymérique et rouge ? S’il était pochoiriste, nous appellerions le détourneur pictogrammique Jérôme Considérant à l’aide. Mais il n’est pas pochoiriste. Alors, qui d’autre ?
mercredi 6 mai 2009
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