lundi 1 juin 2009

Madeleines et pochoirs, même combat !

On trimballe tous et toutes des vieux trucs, des images et des sons, dans sa tête. Et parfois dans son cœur, aussi. Il ne faut souvent pas grand’chose pour les faire remonter à la surface de nos sens. Juste un signal, juste une vision, une simple coïncidence. Les pochoirs, par leur pouvoir imageant très direct, sont de redoutables déclencheurs d’associations d’idées et de mémoires. Comme si leur objet premier était d’être, au-delà des signifiants révolutionnaires à usage sociétal, des interpellants singuliers qui nous touchent en chaque individu unique et séparé. Alors, voici l’histoire vraie d’une telle association, celle qu’un pochoir bruxellois a récemment élicité en mon je/moi, comme s’il était la reliure d’un livre ouvert aux pages du passé et du présent. Le pochoir, vous le trouverez en plusieurs copies rue Jacques de Lalaing. Il représente le portrait d’une « free girl » un peu … barbouillée. Le pochoir apparaît dans la vidéo de « Heartcore » de Shameboy (2008, Jimmy Dewit et Luuk Cox, directeur Joris Rabijns, hyperlien : www.youtube.com/watch?v=lb5i2Q4eH9Y). Le synopsis se déroule comme ceci : une fille tombe d’un toit, se ramasse dans une poubelle, titube dans la rue toute échevelée et désarticulée, se fait choper par les flics, est placée dans un asile puis finit disséquée par deux toubibs au scalpel plus qu’approximatif et donc meurt. Voilà pour la page du présent. Au passé, rewind, on a la vidéo de « Be There » de Unkle (1999, James Lavelle et DJ Shadow, directeur Jack Scott, hyperlien : www.roxwel.com/player/unklebethere après la pub). Le synopsis se déroule comme cela : une fille monte dans une rame de métro londonien, écoute son walkman - K7 qui déconne, rate son arrêt, se rassoit échevelée et résignée, s’assoupit puis reçoit la visite bienveillante du grand faucheur en personne et donc meurt. Deux filles très belles et sauvages, très « out » et très « lost », deux séquences de vies précocement et injustement condamnées, deux conclusions létales que l’on devine dès le début (le fameux « tingle factor » des englishes).
Comme dans les paroles superposées par Ian Brown (parce que le titre de Unkle est, à l’origine, un instrumental nommé « Unreal » paru sur l'album Psyence Fiction une année plus tôt … Mais, hum, je vous bassine avec ces détails) : « I don’t see you falling. Corrupt, a plea for free will. An irresponsible horror show ». Purée, ça fait dix ans que le visage de cette donzelle (ci-contre sur un still honteusement piqué à MTV) était tapi dans mes neurones. Le regret de ne pas avoir été dans le tube (!) cette nuit-là pour la sauver me rattrape. C’est souvent un peu malencontreux, ces souvenirs. P'tit vertige amertumeux. Mmmmh, il est temps de refermer le livre et de passer à autre chose. Une madeleine, quelqu’un ?

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